Le plan d’action pour la production des munitions en France, en trois points
25 février 2023Ce mercredi 22 février, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a présenté un plan d’action visant à intensifier la production de munitions et à relocaliser certaines activités clés, dans le cadre de l’établissement d’une économie de guerre. Cette feuille de route prévoit une accélération des rythmes de production pour répondre aux besoins croissants et pour garantir l’autonomie en matière d’approvisionnement. En outre, la relocalisation de certaines activités stratégiques est une mesure visant à renforcer la souveraineté nationale et à sécuriser les approvisionnements en cas de crise.
Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a tenu une réunion de travail à l’hôtel de Brienne en présence d’Emmanuel Chiva, délégué général pour l’armement, de l’IGA Monique Legrand-Larroche, inspectrice générale des armées et de Laurent Collet-Billon, ancien délégué général pour l’armement. À cette occasion, le ministre a présenté un plan d’action en trois points visant à intensifier et à augmenter la production de certaines de nos munitions, tout en renforçant la souveraineté nationale dans ce domaine stratégique.
La rencontre a réuni les principaux acteurs industriels pour coordonner les efforts et atteindre les objectifs fixés par cette feuille de route.
La relocalisation de la production de munitions en France : le cas Eurenco
Suite aux impacts de la crise sanitaire de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine, la question de la relocalisation des stocks et des lieux de production est devenue un sujet de réflexion stratégique. Dans ce contexte, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé la décision prise par Eurenco, leader européen des explosifs, des propulseurs et des combustibles militaires, de relocaliser sa chaîne de production de poudre pour les gros calibres.
Cette décision a été qualifiée d’ « historique » par le ministre. La société a prévu un budget de 60 millions d’euros pour cette opération, dont 50 millions en autofinancement. L’objectif de cette relocalisation est de produire 1 200 tonnes de poudre par an, soit 500 000 charges modulaires, dans la ville de Bergerac, et ce à partir du premier semestre 2025.
Pour en savoir plus : site officiel Eurenco.
L’accélération des chaînes de production d’armement
Afin d’accélérer la production des munitions, plusieurs actions ont été décidées pour répondre à différents enjeux :
- Le premier objectif est d’accroître les capacités d’approvisionnement de l’Ukraine ainsi que de nos alliés engagés dans la lutte contre le terrorisme.
- Le deuxième vise à reconstituer nos stocks de munitions pour la préparation opérationnelle de nos forces armées. En effet, comme l’a souligné le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, « pas d’entraînement sans les stocks de munitions ».
- Enfin, produire plus rapidement permet également de conquérir des parts de marché à l’exportation.
A la demande du président de la République, deux personnalités reconnues du monde de la défense ont été chargées de missions pour répondre à ces enjeux. Dans un premier temps, l’IGA Monique Legrand-Larroche aura pour mission de questionner l’ensemble des sujets liés à la production et à l’entretien des canons Caesar, dont la demande à l’exportation est importante. Elle devra ainsi étudier les possibilités d’amélioration au niveau des matières premières et des sous-traitants.
La deuxième mission sera menée par Laurent Collet-Billon, ancien délégué général pour l’armement. Il aura notamment pour tâche de proposer des solutions visant à augmenter les cadences de production, en particulier pour les missiles Mistral, essentiels à la défense sol-air, et les obus de 155mm.
« Nous produisions 20 Mistral par mois en 2022. Ce chiffre est passé à 30 en 2023 et montera à 40 en 2024 », a précisé le ministre des Armées.
Augmenter les capacités de production
Le ministre a également souhaité augmenter la production au niveau européen et a demandé à MBDA de réduire le temps de production des missiles Aster de 40 à 18 mois, en collaboration avec le Royaume-Uni et l’Italie.
Enfin, Sébastien Lecornu a appelé les acteurs bancaires français à faire preuve de patriotisme financier pour faciliter les investissements dans les entreprises de la base industrielle et technologique de défense. Une prochaine réunion sur l’économie de guerre est prévue en mars prochain.