Carburant d’aviation durable : la DGA a fait voler un hélicoptère NH-90 avec de l’huile de cuisson usagée

Carburant d’aviation durable : la DGA a fait voler un hélicoptère NH-90 avec de l’huile de cuisson usagée

10 février 2023 Non Par Adeptus Astartes

C’est une première mondiale selon la DGA : le vol d’un hélicoptère avec une partie de son carburant traditionnel remplacé par du carburant d’aviation durable (SAF, Sustainable Aviation Fuel), en l’occurrence de l’huile de cuisson usagée. Une avancée plus intéressante que son titre ne le laisse paraître…

C’est ce 3 février que la DGA a fait voler un hélicoptère NH-90 équipé pour partie de carburant durable à base d’huile de cuisson usagée, à hauteur de 84% tout de même. Selon la DGA, « Cet essai a permis de réduire de 75% les émissions de CO2, sans modification de l’aéronef ni du moteur.« .

Mené avec la participation du Service de l’énergie opérationnelle (SEO) et l’appui technique des industriels Safran Helicopter Engines, TotalEnergies et Airbus Helicopters, cet essai de 3 heures s’est déroulé de façon parfaite selon la DGA. Effectué sur l’un des deux moteurs, l’essai de carburant durable aura permis de recueillir de précieuses informations tant sur l’utilisation opérationnelle que sur les conséquences techniques et matérielles de cette pratique, l’objectif étant de passer de 84% à 100% de carburant d’aviation durable.

Vol d'essai d'un NH-90 avec du carburant durable. Crédit photo DGA

Vol d’essai d’un NH-90 avec du carburant durable. Crédit photo DGA

Un essai à vocation écologique mais aussi stratégique

Cet essai est motivé tant par la stratégie énergétique de défense que par la stratégie « Climat & Défense » du ministère des Armées. L’un des objectifs est certes de réduire l’empreinte carbone des forces armées françaises, mais aussi – et surtout ? – de consommer moins de carburant et de diminuer la dépendance de la France aux énergies fossiles, et donc à toutes les difficultés qui en découlent déjà, ou en découleront peut-être davantage à l’avenir :

  • le coût, bien sûr
  • mais aussi la raréfaction attendue du pétrole – et par voie de conséquence une augmentation supplémentaire des coûts de production
  • ou encore les possibles difficultés d’approvisionnement dans de nombreuses situations : troubles au Moyen-Orient (on pensera notamment aux divers « sabotages » de navires qui ont déjà lieu de temps à autre dans ce secteur), voire en cas de conflit de haute intensité pour lequel un adversaire puissant pourrait s’en prendre à nos lignes d’approvisionnement, ou tout simplement selon l’expérience récente de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine durant laquelle les hydrocarbures produits par la première ont fait l’objet de sanctions.
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« Accessoirement », le point sur la limitation des dépendances étrangères fait partie du troisième chantier mené dans le cadre de l’économie de guerre de la France, telle qu’évoquée ce 9 février encore par le chef du service des affaires industrielles et de l’intelligence économique de la DGA, Alexandre Lahousse, lors du point presse hebdomadaire du ministère des Armées.

Alexandre Lahousse lors du point presse du ministère des Armées, 9/2/23 © CH Christian Hamilcaro/Ministère des Armées

Alexandre Lahousse lors du point presse du ministère des Armées, 9/2/23 © CH Christian Hamilcaro/Ministère des Armées

Source

DGA, Ministère des Armées