Rheinmetall a mis en service une installation industrielle dédiée à la production en série de munitions rôdeuses sur l’ile de Sardaigne, opérée par sa filiale italienne RWM Italia et répartie entre Musei et Domusnovas. La chaîne couvre l’assemblage, les essais et l’intégration des charges militaires, et la production est désormais déclarée en rythme de série.
Sur le site de Musei sont assemblés et testés les composants inertes et électroniques, tandis que la fabrication et l’intégration des ogives s’effectuent à Domusnovas. Cette répartition montre une montée en verticalité industrielle : Rheinmetall conserve sous contrôle plusieurs étapes sensibles du processus, ce qui réduit la dépendance à des chaînes d’approvisionnement externes.
Quels systèmes sont concernés ?
La production porte principalement sur la famille HERO, développée en coopération avec UVision : HERO 30, HERO 120 et HERO 400, qui couvrent des missions allant du soutien rapproché d’infanterie à l’attaque de positions fortifiées ou de véhicules blindes. Le carnet de commandes annoncé pour ces munitions dépasse les 200 millions d’euros, réparti entre plusieurs pays clients européens et extra-européens.
Petite définition : qu’est-ce qu’une munition rôdeuse ?
Une munition rôdeuse, parfois appelée munition téléopérée selon le contexte, est un vecteur autonome qui combine les caractéristiques d’un drone et d’une munition. Elle peut se déplacer au-dessus d’une zone, fournir du renseignement – images, géolocalisation – puis, une fois la cible identifiée, plonger sur celle-ci et s’y détruire pour produire un effet terminal. En clair : c’est un capteur volant qui devient une arme quand une cible valide est confirmée. Cette double nature explique l’intérêt tactique et les questionnements juridiques et export liés a ces systèmes de drone kamikaze parfois appelés drones FPV (First Person Viewer).
Pourquoi cette accélération maintenant ?
La demande pour les UAS et les munitions rôdeuses a fortement augmente ces dernières années, sous l’effet des conflits et des évolutions tactiques qui privilégient la précision, la persistance sur zone et la réduction des risques pour les personnels. Rheinmetall n’est pas seulement assembleur : le groupe produit aussi ses propres systèmes UAS, comme le LUNA NG, et affiche des ventes significatives sur la gamme des systèmes non habites. Cela permet au groupe d’offrir a la fois des capacitives offensives et des services de renseignement tactique.
Et la défense anti-drone alors ?
Rheinmetall renforce parallèlement son offre anti-UAS. Le groupe propose une chaine complète « sensor-to-effector » : détection, identification et contre-mesures pouvant aller du brouillage radio aux réponses cinétiques. Le Skyranger, décliné en versions incluant un laser a haute énergie (HEL), illustre cette approche hybride ou plusieurs effecteurs peuvent être engages selon la menace détectée. Autrement dit : Rheinmetall vend à la fois l’outil offensif et la protection qui permet de s’en défendre.
Des effets industriels et géopolitique
Localiser la production en Europe méridionale a des conséquences pratiques : cela renforce la souveraineté industrielle des clients européens, augmente les cadences de fabrication, et crée de la valeur locale pour les sous-traitants. Mais cela soulève également des questions de contrôle a l’export et de prolifération régionale des capacités létales autonomes. La présence d’une usine produisant des ogives et intégrant des munitions soulève des exigences sur la sécurité physico-logistique et sur les règles de licensing lors de ventes internationales.
Des partenariats stratégiques
Rheinmetall collabore avec UVision pour la gamme HERO et travaille également avec d’autres acteurs de écosystème, notamment des partenaires technologiques américains et startups, afin d’améliorer interopérabilité, le traitement des données et l’industrialisation rapide des plateformes. Ces alliances accélèrent la mise sur le marche mais impliquent aussi une gouvernance poussée sur la gestion des droits technologiques et des transferts de savoir-faire.
Quels enseignements retenir ?
Première chose : l’évolution n’est pas seulement militaire, elle est industrielle. Rheinmetall mise sur la combinaison « munitions rôdeuses + drones + defense anti-UAS » pour proposer une offre complète, capable de répondre aux besoins des forces modernes.
Deuxième chose : la localisation européenne de ces chaines de production répond a une demande de souveraineté mais nécessite un encadrement strict des exportations. Enfin, surveiller l’évolution des carnets de commandes et des décisions de licences d’export sera décisive pour mesurer l’impact géopolitique de cette montée en puissance.







